Direction Burqa changement République

Publié le par Oscar.Abdelaziz

La Burqua est sur la place publique. Un "débat" dont la France a le secret est lancé.
Cette manifestation ostensible d'appartenance religieuse aux origines incertaines (nulle obligation dans le texte de référence) provoque un émoi que l'on peut comprendre. A condition de vouloir réellement comprendre.
Je ne peux que constater (et regretter) cette pratique. En aucune manière je ne pourrai m'arroger le droit de la réprouver ou de l'approuver, encore moins me prononcer sur son hypothétique interdiction. J'ai bien peur que la Loi ne soit d'aucun secours.
Je me préparais donc tranquilement a écouter les analyses pertinentes, percutantes et forcément convainquantes d'une Caroline Fourest, d'un Gilles Kepel ou des habituels essayistes autoproclamés spécialistes (gardiens ?) de la laïcité à la française ®.
Mais ce qui m'a fait sortir de ma torpeur post estivale fut l'audition de Mme Badinter par la "
Mission d'information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national". On a parlé à un moment d'une commission d'enquête parlementaire !?
Je ne sais à quelle titre cette écrivaine était interrogée par la représentation nationale.
Dans un galimatia très orientaliste (lire Edward SAÏD), son propos nous informe plus sur l'état de sa réflexion et de son émotion qu'il n'apporte une quelconque lumière sur cette question.
Autrefois partisane du droit à la différence aux côtés de SOS Racisme elle nous inflige aujourd'hui un virage à 180°. Sans aucune forme d'autocritique.
Le voisinage avec "ni p.. ni soumise" lors de ces auditions est tout à fait justifié.
Si le sort de l'émancipation des femmes confiée à cet équipage connaît le destin de la lutte contre le racisme version SOS, je peux légitimement nourrir quelque inquiétude.

Le discours entendu lors de cette audition semble relativement bien admis si je m'en tiens à la relation de ce nouveau mal dans les médias.
Or, le port de la burqa, du niqab ou du voile intégral est un épiphénomène et non un phénomnène.
Pour appréhender sereinement ce qui est à l'oeuvre, plusieurs dispositions d'esprit sont à prendre. Tout d'abord analyser honnêtement ce qui motive sa propre réprobation du port de la burqa avant d'invoquer ou de convoquer des principes censés être en danger. Du tryptique républicain à la défense des femmes opprimées.
Le choix (conscient ou non) des mots utilisés pour décrire cet état de fait indique le plus souvent "d'où l'on parle".

Les arguments développés contre cet réalité apparaissent dès lors spécieux et marquent parfois l'absence de probité de leurs défenseurs.
Je peux concevoir et même comprendre et finalement combattre cette attitude de la part d'un homme politique mais je ne peux l'admettre de la part d'un intellectuel qui se proclame comme tel.
Un intellectuel n'est pas tenu d'apporter des réponses à un problème de société. En revanche il a le devoir de poser les bonnes questions.
Si nous nous intéressons la terminologie en usage chez les opposants au port de la burqa (détracteurs ou simples comptempteurs), nous glissons invariablement vers la réthorique éculée du Mal importé et donc étranger au corps social français.
C'est là la première erreur d'analyse.

Nous sommes en présence de femmes jeunes et moins jeunes qui ont fait le choix de cet accoutrement sans que leur libre arbitre n'ait été altéré.
Il s'agit souvent de femmes françaises de haut niveau d'instruction.
Nous sommes loin des pratiques traditionnelles et marginales des premiers exilés (de l'abattage rituel du mouton dans la baignoire à la polygamie ou l'excision).
La laïcité n'a que peu de chose à voir avec cette question.
C'est le vivre ensemble qui est jeu. Il est fait de lois écrites et non écrites.
Or je considère l'émergence même de ce type de comportement de la part de jeunes Fançaises comme un échec du vivre ensemble.
Il s'agit en fait d'un rejet du rejet.

Si Madame Badinter et consorts acceptent de mettre à jour leur logiciel, ils verront que ce n'est pas une atteinte au vivre ensemble mais un tragique rappel de son recul voire de son échec.
Et les responsables de cet échec ne sont pas forcément ceux qu'on croit.
On ne peut pas ségréguer une communauté et lui reprocher dans le même temps de se replier.

Ce débat met en relief une autre réalité.
Il y a une France formelle et une France réélle. La France a une histoire ancienne, c'est une terre chrétienne et plus particulièrement catholique.
Etre Français, c'est certes partager le destin de ses compatriotes, mais c'est aussi partager sinon comprendre et assumer son passé.
Comment nos intellectuels et nos politiques peuvent réduire cet écart de perceptions ?

En attendant, il eût mieux valu imiter nos voisins belges et décréter que les déguisements sont interdits sur la voie publique en dehors des périodes de Carnaval...




Publié dans Analyse

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<br /> En attendant, il eût mieux valu imiter nos voisins belges et décréter que les déguisements sont interdits sur<br /> la voie publique en dehors des périodes de Carnaval...<br /> <br /> Bien vu !<br /> ;-) <br /> <br /> <br />
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